Chronique "Unheeded Monologue" by Obsküremag

"L’ensemble de ce nouveau long format de LME donne toute sa place au chant d’Azia. Long format car, malgré une sortie en vinyle en 12 » (la longueur habituelle des EP), on a plus de trente-cinq minutes de musique ici et huit titres. Trois d’entre eux existaient sur l’EP Dark Age dont la vente avait servi à financer cette nouvelle sortie, plus fournie. Ils ont été réenregistrés, avec un gros changement pour « Dark Age ».
La rage est toujours présente, dès l’inaugural et éponyme « Unheeded Monologue » (qui a bénéficié d’un clip visible ici) et sur la dernière minute de « Ghost Affliction ».
Toutefois, ce qui marque les écoutes, c’est ce besoin plus fort d’oeuvrer dans la douceur aigre. Les guitares affectionnent une langueur (la très belle introduction de trois minutes pour « The great Imitator ») à la grâce très Banshienne. Un synthé vient de-ci, de-là étoffer les titres de ses nappes, plutôt discrètes dans la face A, plus présentes en face B (la paire « Such Distance » et « Biliary Obstruction », plus curesque). Les expérimentations dans le son se font plus rares (pas de guitares à la Penis Envy de Crass semblables à celles de « Bitter Moon », pas de titre purement synth-wave comme l’était « Cosmic »). « Dark Age » se lance avec une guitare semi-acoustique bien cristalline, avant l’irruption de la basse et des claviers très orientés Clan Of Xymox de 1985. L’apport d’une vraie batterie (depuis l’EP Dark Age) se ressent fortement sur les évolutions marquées de « Nocebo ». Le propos stylistique est bien resserré, ce qui n’est pas chez LME une stagnation ou, pire, un recul : le trio Azia, Jenn, Olivier se sert de cette typologie très rock gothique pour travailler davantage les compositions, se libérant des traditionnels couplets-refrains-pont. Les titres sont plus audacieux dans leur contenu respectifs, balayant chacun un spectre d’émotions plus large : le très court « Outcast » ne dure que trois minutes, mais esquisse plusieurs changements d’humeur. Le son est équilibré, lançant les décharges avec efficacité comme sur le chant possédé d’Azia en final de « Biliary Obstruction ». Le groupe a confié le mixage à Alex Cable aux Raven Studios (The Venus Fly Trap, Ferox). Avec « Such Distance », on retrouve les affèteries vénérables des Cocteau Twins qui faisaient le charme des débuts du groupe en 2008. C’est toujours leur Jean Delpech à eux (aka Schwarzkissingbear, organisateur des DepenDance parties à Marseille) qui s’est chargé de l’artwork du disque, lequel bénéficie d’un tirage vinyle dont le groupe n’est pas peu fier. Pour notre part, avec seulement cinq nouveaux titres, c’est un peu court, ce sera le seul reproche, d’autant plus que le groupe nous a habitués à plus d’emphase.
En cette nouvelle année 2017, LME prend de nouveau la forme d’un duo, plus électronique et vintage, avec, pour la première fois, des paroles en français. Nous guetterons de plus près la Révolution 2017 du projet puisque pour voir la lumière, il faut connaître les ténèbres !"

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